L’allégorie de la caverne de Platon (428 – 348 avant J-C) est un célèbre texte du Livre VII de La République, présenté sous la forme d’un dialogue entre Socrate et son élève Glaucon.
Une allégorie, c’est une image. Platon a conscience que sa philosophie n’est pas accessible à tout le monde, alors pour que l’on puisse tous comprendre, il utilise des images. À travers cette allégorie, Platon met en scène la condition humaine, la nôtre, Pour lui, nous sommes tous prisonniers d’une caverne.
Cette caverne dans laquelle nous sommes pris au piège, c’est l’illusion. Platon affirme nous vivons tous dans l’illusion. Nous sommes prisonniers de nos jugements, de fausses idées reçues, de croyances… Et tout ça, ça nous empêche de vivre dans la vérité ; puisque ce que nous croyons savoir est faux, notre rapport avec le réel est donc complètement erroné.
La Caverne de Platon
Dans une « demeure souterraine », en forme de caverne, des hommes sont enchaînés……
Ils n’ont jamais vu directement la source de la lumière du jour, c’est-à-dire le soleil, dont ils ne connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu’à eux. Des choses et d’eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos. Pourtant, ils nous ressemblent, observe Glaucon, l’interlocuteur de Socrate.
Que l’un d’entre eux soit libéré de ses chaînes et accompagné de force vers la sortie, il sera d’abord cruellement ébloui par une lumière qu’il n’a pas l’habitude de supporter. Il souffrira de tous les changements. Il résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l’on veut lui montrer. Alors, « ne voudra-t-il pas revenir à sa situation antérieure » ? S’il persiste, il s’accoutumera. Il pourra voir « le monde supérieur », ce que Platon désigne comme « les merveilles du monde intelligible ». Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n’est qu’en se faisant violence qu’il retournera auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d’imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront très mal et refuseront de le croire : Ne le tueront-ils pas ?
Lecture de l'Allégorie
L’allégorie de la caverne : Interprétation d’Adrien Choeur « Je pense.org »
Platon lui-même fait l’interprétation de l’allégorie de la caverne dans la première et surtout la deuxième partie du texte.
Qui sont les prisonniers ?
C’est à nous qu’ils sont pareils ! dit Platon. Les prisonniers représentent donc l’état de l’Homme dans la société.
Que voient les prisonniers ?
En nommant ce qu’ils voient ils penseraient nommer les réalités mêmes, dit Platon. Les prisonniers pensent donc voir la réalité, mais il s’agit en fait d’images illusoires. Ils sont dans l’incapacité de développer un jugement clair.
Qu’est-ce que cette prison ?
C’est la région qui se présente à nous par l’entremise de la vue, dit Platon. La prison est donc l’état de ceux qui prennent leurs perceptions pour la réalité. La caverne représente donc la condition humaine, non-libre, manipulable, soumise.
Que représentent les chaines des prisonniers ?
Les chaines peuvent représenter le déni, la soumission aux apparences, la force des illusions, ou encore la relation à ceux qui portent l’autorité et qui trompent le peuple.
Que représentent le feu et le soleil ?
Ils représentent la réalité au sens de vérité. Le soleil symbolise le Bien ; il est la source de la Science. Sa lumière permet en effet de faire le lien entre l’âme humaine et le monde des idéaux, par opposition au monde du sensible illusoire et changeant.
Quelle différence entre le monde du haut et le monde du bas ?
Le monde du bas est le monde du sensible : les prisonniers pensent accéder à la vérité par leurs sens. Le monde du haut est au contraire le monde lumineux de l’intelligible, qui permet à l’âme d’écarter les illusions et de raisonner sur la base de concepts stables.
Qui sont les marionnettistes ?
Ce peut être ceux qui profitent de l’ignorance du peuple pour faire croire ce qu’ils veulent. Ce peut être des sophistes ou des politiciens qui ont intérêt à ce que la vérité n’éclate pas. C’est peut-être tout simplement l’état de notre esprit qui n’a pas appris à raisonner.
Quel est celui qui libère le premier prisonnier ?
Son identité n’est pas précisée. C’est peut-être un philosophe éclairé et bienveillant. Une autre interprétation pourrait y voir l’intuition du prisonnier.
Que représente la montée du chemin vers la lumière ?
C’est la route de l’âme pour monter vers le lieu intelligible, dit Platon. Cette montée, c’est la “montée vers le Bien”, la source de la lumière étant “la cause universelle de toute rectitude et de toute beauté” ; elle est “dispensatrice de vérité et d’intelligence”. C’est donc la voie de la sagesse, le chemin de la Justice.
Pour Platon, l’âme humaine est faite pour séjourner dans la lumière, et c’est dans l’intérêt de chacun et de tous d’y accéder.
Le passage de l’obscurité à la lumière,
et de la lumière à l’obscurité.
Dans sa propre interprétation de l’allégorie de la caverne (deuxième partie du texte), Platon pointe la difficulté de passer de l’obscurité à la lumière : le soleil peut avoir un effet aveuglant. Les habitudes de pensée peuvent en effet procurer un confort illusoire. Il est difficile de changer sa manière de voir le monde.
Mais il pointe aussi la difficulté inverse qui consiste, pour un individu éveillé, à repasser à l’obscurité, c’est-à-dire de se mettre à la portée de ceux qui sont restés dans l’ignorance. C’est le rôle du philosophe qui doit se pencher sur la condition des ignorants.
D’autre part, le passage de l’ignorance à la connaissance ne se fait pas par la simple acquisition de savoirs transmissibles. Chaque âme possède en elle-même la puissance nécessaire pour parvenir à la connaissance. Il ne s’agit donc pas d’une acquisition mais d’une “conversion”. Il s’agit donc de briser les chaines qui obligent à regarder dans une direction fausse, puis de tourner la tête en direction de la lumière.
La dimension politique de l’allégorie :
l’éducation et le rôle des gouvernants.
Les dirigeants de l’Etat doivent donc se comporter en “philosophes”, et non en marionnettistes. Ils doivent regarder, avec le peuple, les images obscures sur les parois. Cette contemplation permettra de comprendre la cause des illusions qui dominent les individus.
Une allégorie de la télévision ?
Les images projetées sur les murs peuvent faire penser au pouvoir de la télévision ou des écrans dans nos sociétés contemporaines. Les téléspectateurs sont hypnotisés par les images, reflets illusoires de la réalité. Le monde nous apparaît comme un théâtre agité. Tout est fait pour nous détourner de ce qui a une vraie valeur.
L’allégorie de la caverne : une réflexion sur l’ignorance.
En pointant l’emprise des idées reçues et la difficulté de changer ses habitudes mentales, Platon éclaire la notion d’ignorance.
L’ignorance n’est pas simplement le fait d’ignorer, c’est le fait d’ignorer qu’on ignore. L’ignorance est une force qui pousse à rester au fond de la caverne. Le déni est omniprésent. L’élévation vers la lumière est une souffrance.
L’allégorie de la caverne, c’est donc une invitation à sortir de l’ignorance dans laquelle nous nous trouvons, et reconnaître l’intelligence présente en nous pour aller vers la connaissance.